
La culture de la tomate sous serre – Vigilance et anticipation
La tomate est le produit phare du maraîcher et c’est peu de dire qu’elle se fait désirer. Mais pour avoir des tomates savoureuses, il faut laisser les fruits se développer naturellement au soleil de saison et choisir des variétés anciennes, pas nécessairement productives. Or, tout cela prend environ 5 mois ! Pour avoir des tomates bien mûres début juillet, on doit semer début février !
Et comme la plante craint le gel, il lui faut un cocon bien protégé pour pouvoir se développer.
Nous démarrons nos semis en mini-mottes dans la maison, la température de germination se situant autour des 20°C. Et lorsque le plant fait environ 1 cm, nous plaçons nos plaques de semis dans la pépinière, sur des tables chauffées à 20°C la nuit. En effet, les doubles-vitrages de nos maisons ne laissent pas passer assez de lumière pour un développement harmonieux des plants. Afin de limiter les besoins de chauffage, nous recouvrons tous les soirs nos plants d’un voile P30 (ou voile de mariée) pour maintenir la chaleur et les découvrons tous les matins pour qu’ils reçoivent le maximum de lumière.
Nous repiquons nos petits plants en godets début mars car les tomates ont besoin de beaucoup de nutriments et le terreau s’épuise assez vite.
Durant le mois de mars, nous préparons les planches de culture en ameublissant le sol en profondeur à la grelinette et en incorporant des engrais naturels comme de la cendre et des fientes séchées de nos poules. Cela complète parfaitement le compost de déchets verts que nous avons incorporé à l’automne pour améliorer la structure du sol. Nous mettons en place un arrosage « goutte-à-goutte » au sol sol pour ne jamais arroser directement les feuilles.
L’implantation en terre sous serre s’effectue au plus tôt début avril, dès qu’une fenêtre sans risque de gel s’ouvre. Nous plantons les pieds en profondeur (20 cm environ) pour que la tige développe de nombreuses nouvelles racines et nous arrosons abondamment avant de recouvrir d’un paillage de foin afin de ralentir l’enherbement et de limiter l’évaporation de l’eau du sol.
Il est alors important de ne plus arroser pendant environ 3 semaines pour forcer les racines à bien s’implanter et aller chercher l’eau en profondeur.
C’est alors de moment de surveiller la météo de près et de croiser les doigts pour éviter tout gros gel. En cas de gel, on recouvre les plants de P30 la nuit mais, si la gelée est trop forte, les plants peuvent tous mourir ! C’est pourquoi, nous prévoyons un second semis début mars (avec un mois de décalage par rapport au premier semis) afin de pouvoir remplacer les plants en cas de dégâts mais les tomates n’arriveront alors à maturité qu’au mieux mi-juillet !
En cas de faiblesse des plants, nous pulvérisons du purin d’ortie pour les fortifier.
Durant le mois d’avril, nous mettons en place les ficelles de tuteurage au droit de chaque pied.
A partir de fin avril, puis toutes les 2 semaines, il faut tailler chaque plant et le rattacher à la ficelle en mettant en place des clips de tuteurage. La tomate est une liane qui peut facilement dépasser les 2 mètres de haut. La taille consiste à retirer tous les gourmands et à ne laisser sur chaque pied qu’une seule tige. Les tomates cerises sont en général plus robustes et ne nécessitent pas forcement de taille, mais attention à la prolifération des branches et l’envahissement de l’espace ! Il est toutefois très important d’effeuiller allégrement le bas des pieds pour laisser circuler l’air et arroser avec parcimonie au pied sans mouiller les feuilles. Et bien entendu, on désherbe pour éviter la concurrence aux pieds des tomates.
Une fois les risques de gel écartés, il faut surveiller de près le mildiou. Les pieds de tomates finissent toujours par mourir de ce champignon, ce que nous acceptons à partir d’octobre mais pas en juin ! Le mildiou prolifère à des températures entre 18 et 25°C avec une forte humidité. Sous serre, ces températures arrivent très vite. Il faut donc ne jamais arroser les feuilles, arroser le matin et bien aérer les serres pour limiter la condensation sur le feuillage la nuit ! Nous n’utilisons pas de bouillie bordelaise bien que cela soit autorisé en agriculture biologique car une forte teneur en Cuivre est nocive sur le long terme à la vie du sol !
Pour éviter l’attaque d’autres parasites (pucerons, acariens, virus, …) spécifiques aux solanacées (tomates, poivrons, aubergines, pommes de terre), nous attendons 5 ans avant de cultiver les solanacées dans une même serre. Les parasites n’ont ainsi pas le temps de s’implanter…
La fécondation des fleurs est naturelle. Chaque fleur est auto-féconde et la pollinisation se fait grâce aux vibrations engendrées par les insectes qui butinent. S’il manque des insectes dans la serre, il suffit de secouer un peu les plants pour arriver au même résultat.
La culture des tomates est donc semée d’embûches mais quel plaisir de déguster ce fruit charnu et goûteux qui se décline en plein de formes et de couleurs durant tout l’été et le début de l’automne.



